Comment nos sociétés peuvent intégrer le risque de pandémie sans rupture fondamentale

12.05.2022/  » Vivre avec le virus « , bâtir une  » nouvelle normalité  » et se montrer résilientes face aux pandémies….

Pour « vivre avec le virus », bâtir une « nouvelle normalité » et se montrer résilientes face aux pandémies, nos sociétés doivent modifier leur fonctionnement et utiliser des technologies utiles qui pour beaucoup d’entre elles existaient avant la pandémie. En effet, si les gestes barrières et les campagnes de vaccination tendent à être délaissées avec le temps, des purificateurs d’air, vernis de protection et autres robots UV vont prendre une place de plus en plus grande sans bousculer notre quotidien.

A l’heure où le gouvernement, après deux ans de pandémie, lève peu à peu les principales obligations imposées par la situation sanitaire (pass vaccinal, port du masque), l’espoir de retrouver une « vie normale » n’a jamais été aussi fort. Mais le virus circule toujours et cette crise a transformé en profondeur nos sociétés. Elle a accéléré la digitalisation des entreprises et modifié les pratiques de consommation, avec notamment l’explosion du commerce en ligne. Elle a aussi modifié le rapport à l’autre, laissant apparaître de nouvelles formes de relations, de nouveaux codes, de nouveaux gestes. Plutôt que d’un « retour à la normale », il s’agit donc désormais de bâtir une « nouvelle normalité » pour vivre de manière sereine dans un environnement globalisé qui verra, à coup sûr, naître d’autres pandémies.

Purificateurs d’air : une solution pour les espaces clos peu aérés

Habituellement utilisés pour éliminer des particules polluantes (pollens, poussières, etc.), les purificateurs d’air connaissent un regain d’intérêt depuis l’apparition du coronavirus. Plusieurs scientifiques demandent même leur généralisation à l’école, arguant que les aérosols, ces nuages invisibles de particules que nous émettons en parlant ou en respirant, sont « la principale voie de transmission du Covid-19 », comme le souligne Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de Genève. Ces appareils représentent donc un véritable intérêt sur le plan sanitaire.

« Lorsqu’il n’est pas possible de ventiler ou d’aérer suffisamment les pièces, on peut filtrer l’air, voire le purifier, avec des purificateurs d’air, explique ainsi l’épidémiologiste. Ces dispositifs réduisent jusqu’à 99 % les microgouttelettes de notre respiration… On passe 90 % de notre vie en milieu clos et 99 % des contaminations se font par aérosols, il faut donc diminuer le risque en rendant la qualité de l’air intérieur équivalente à la qualité de l’air extérieur ».

Les pays asiatiques sont en avance dans ce domaine. À Taiwan et en Corée du Sud, avec la pandémie, des applications pour smartphones ont été lancées pour privilégier les commerces où le niveau de CO2 est surveillé et suffisamment bas. Au Japon, dans les salles de cinéma, le niveau de CO2 est affiché. Les Européens commencent à s’y mettre, notamment dans des écoles. En France, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé d’équiper ses cantines scolaires, la mairie du 9e arrondissement de Paris a mis en place des purificateurs d’air dans ses classes, et le ministre de l’Éducation recommande désormais leur installation. En mars 2022, des purificateurs d’air ont par exemple été installés dans le réfectoire du collège Larche dans le Limousin pour minimiser les risques de contamination lors des repas à la cantine. Un dispositif rassurant à l’heure où vient de sonner, le 14 mars, la fin du port du masque à l’école. La technologie utilisée a été élaborée à seulement quelques kilomètres de là, par l’entreprise corrézienne UV Germy.

Les purificateurs d’air reviennent ainsi sur le devant de la scène pour décontaminer les espaces clos dont l’aération est difficile. Déjà utilisé dans les laboratoires, ce procédé de filtration séduit de plus en plus de collectivités, et de nombreuses sociétés proposent des solutions dans ce domaine. Plusieurs études montrent que s’ils sont dotés de filtres à haute efficacité (H13, H14 ou HEPA), ces purificateurs d’air peuvent être efficaces à plus de 99 % pour capturer le virus dans l’air ambiant d’une pièce, après 20 mn d’utilisation, soit 10 cycles de recirculation d’air.

Cette solution peut être également utile dans les bars et restaurants, les cinémas et les théâtres. Mais si les purificateurs d’air sont efficaces contre les aérosols, ils ne peuvent rien contre les autres modes de propagation du virus : les gouttelettes et la transmission par contact des mains avec des surfaces contaminées. C’est là qu’intervient une autre technologie utile : celle des vernis de désinfection et de protection des surfaces et des objets du quotidien.

Une solution antivirale pour protéger papier, emballages, mobilier et écrans

Dans ce domaine, émerge en particulier la technologie antibactérienne, antifongique et antivirale Bioguard, qui a déjà fait ses preuves dans l’un des secteurs les plus sécurisés du monde, les billets de banque. Celle-ci s’applique désormais à tous types de supports : le papier bien sûr, mais également les emballages en papier, carton, plastique, bois ou verre, ou encore le mobilier, les tables de restaurant ou les écrans.

Dans son centre de recherche isérois, Bioguard & Co, filiale du groupe Oberthur Fiduciaire, leader mondial de l’impression de billets de banque, travaille à l’application de cette technologie à diverses industries. « Avec la fonction auto-désinfectante de Bioguard, nous accélérons la mort du virus et réduisons le risque de contamination. Dans les conditions de test ISO 21702-2019 et ASTM E1053-97, la concentration virale est réduite d’au moins 100 fois par rapport aux surfaces non traitées », explique Henri Rosset, directeur du centre de recherche. Des résultats démontrés par plusieurs études en laboratoire, lesquelles ont également confirmé que cette technologie était sans impact sur la santé humaine, n’entraînant aucune irritation ou sensibilisation particulière. Cette technologie met en œuvre plusieurs matières actives dont certaines d’origine naturelle, qui agissent en synergie sur divers éléments de structures biochimiques des germes (champignons, bactéries et virus), afin de les détruire ou d’empêcher leur multiplication. Et ce, de manière durable.

Bioguard a déjà conclu en octobre 2021 un partenariat avec la région Auvergne-Rhône-Alpes, portant sur l’utilisation de papier virucide pour certaines impressions de documents internes et courriers produits par la Région, afin de « renforcer la sécurité sanitaire des usagers ». Pour le papier, les applications pourraient aussi concerner les documents officiels du type passeports, bulletins de vote, timbres fiscaux ou diplômes.

Mais ce sont sans doute les emballages qui constituent l’un des principaux débouchés de cette technologie. La pandémie de Covid-19 a en effet transformé cette industrie et la sécurité sanitaire est devenue un enjeu clé de ce secteur. Dans ce contexte, proposer aux consommateurs un emballage traité contre la transmission des virus permet de répondre positivement à leurs craintes. Bioguard se propose ainsi de sécuriser toutes sortes d’emballages lors de la production du matériau ou par application d’un vernis. Le centre de recherche de l’entreprise a développé plusieurs solutions applicables sur les cartons, les films plastiques, le bois ou tout type de papier. « Avec Ugépa, nous avons mis au point un papier peint qui a des fonctionnalités antivirales et antibactériennes », a ainsi annoncé Nicolas Koutros, Directeur Général Délégué de Bioguard & Co. La société se prépare aussi à industrialiser sa technologie pour fabriquer du papier kraft utilisé pour les emballages mais aussi du papier peint ainsi protégé.

Tout type de mobilier comme les barres de maintien dans les transports en commun ou les tables de restaurant sont susceptibles d’être protégés par Bioguard. Le label Bioguard, apposé de manière visible sur les produits protégés, est alors un gage de sécurité et de sérénité pour les utilisateurs.

Robots UV : une solution puissante et rapide de décontamination

L’utilisation des rayons ultraviolets (UV) pour décontaminer certains espaces publics constitue également une solution prometteuse. En 2020, au cœur de la pandémie, le gouvernement chinois a ainsi commandé 2.000 robots à UV (à plus de 80 000 dollars l’unité) à l’entreprise danoise UVD Robots, afin de décontaminer ses hôpitaux, ses trains, ses bus et ses métros. Équipés de lampes UV de courte longueur d’onde (UVC), ces robots peuvent désinfecter une salle en 15 minutes. Plus de 2.000 hôpitaux chinois utilisent désormais cette technologie efficace de désinfection. La compagnie de transport public de Shangaï a de son côté reconverti une station de lavage en intégrant 120 lampes UV pour désinfecter ses bus. Un procédé qui leur permet de réduire le temps de décontamination de 40 à 5 minutes. Depuis mai 2020, l’aéroport de Nice emploie aussi un robot à UV pour décontaminer les zones publiques de son terminal 2. UVD Robots vend ses produits dans une quarantaine de pays et a même été contacté par des écoles et des croisiéristes.

Déjà utilisée dans les hôpitaux britanniques, allemands ou danois, pour combattre les infections nosocomiales, cette technologie l’est aussi par l’industrie agroalimentaire ou le traitement de l’eau. Les UV-C permettent de décontaminer les surfaces et l’air intérieur en détruisant en effet le code génétique des bactéries et des virus, les empêchant ainsi de se reproduire. Quand ils sont émis par le soleil, les UV-C sont totalement filtrés par la couche d’ozone. Heureusement, car ils sont très nocifs pour tous les êtres vivants, dont la peau et les yeux ne doivent pas être exposés à ce type d’UV. Aucune lampe UV-C ne doit donc être utilisé en cas de présence humaine.

L’entreprise française DTS propose, de son côté, des robots UV adaptés aux bureaux, aux écoles, aux cabinets médicaux, et plus largement à tous les lieux accueillant du public, aux commerces et aux moyens de transport. Après avoir lancé fin juin 2020 une lampe permettant de désinfecter une pièce de 15 m2 en 5 minutes, DTS a lancé deux autres modèles adaptés aux surfaces allant respectivement jusqu’à 100 m2 et 1 000 m2. À l’occasion du dernier salon VivaTech, en juin 2021, DTS a présenté un nouveau modèle de robot de désinfection, capable de cartographier les espaces et de contourner les obstacles. L’entreprise participe également à une étude pour faire entrer ces machines à UV dans les protocoles d’hygiène des hôpitaux, afin de gagner du temps dans le processus de désinfection.

En Floride, une tour anti-pandémie de 55 étages va même voir le jour en Floride. Elle intègre dès sa conception cette technologie de robots UV de désinfection, mais aussi celles des systèmes de purification de l’air et des matériaux antimicrobiens. Autant de dispositifs destinés à protéger les résidents contre les pandémies. De plus, l’immeuble intègrera également des services médicaux sur dix étages, en plus de ses 310 résidences de luxe et de ses 219 chambres d’hôtel. Un exemple un peu décalé, mais qui confirme que ces technologies complémentaires peuvent aussi nous aider à vivre avec les risques de pandémie.